Le politique
Boris Vian, 1920-1959
Ils ont sonné à ma porte
Je suis sorti de mon lit
Ils sont entrés dans ma chambre
Ils m'ont dit de m'habiller
Le soleil par la fenêtre
Ruisselait sur le plancher
Ils m'ont dit mets tes chaussures
On chantait sur le palier
J'ai descendu l'escalier
Entre leurs deux uniformes
Adossé à une borne
Un clochard se réveillait
Ils me donneront la fièvre
La lumière dans les yeux
Ils me casseront les jambes
A coups de souliers ferrés
Mais je ne dirai rien
Car je n'ai rien à dire
Je crois à ce que j'aime
Et vous le savez bien
Ils m'ont emmené là-bas
Dans la grande salle rouge
Ils m'ont parqué dans un coin
Comme un meuble... comme un chien
Ils m'ont demandé mon âge
J'ai répondu vingt-sept ans
Ils ont écrit des mensonges
Sur des registres pesants
Ils voulaient que je répète
Tout ce que j'avais chanté
Il y avait une mouche
Sur la manche du greffier
Qui vous a donné le droit
De juger votre prochain
Votre robe de drap noir
Ou vos figures de deuil
Je ne vous dirai rien
Car je n'ai rien à dire
Je crois à ce que j'aime
Et vous le savez bien
Ils m'ont remis dans la cage
Ils reviennent tous les jours
Ils veulent que je leur parle
Je me moque des discours
Je me moque de menaces
Je me moque de vos coups
Le soleil vient à sept heures
M'éveiller dans mon cachot
Un jour avant le soleil
Quelqu'un viendra me chercher
On coupera ma chemise
On me liera les poignets
Si vous voulez que je vive
Mettez-moi en liberté
Si vous voulez que je meure
A quoi bon me torturer
Car je ne dirai rien
Je n'ai rien à vous dire
Je crois à ce que j'aime
Et vous le savez bien
Mouloudji chante le poème Boris Vian
En sortant de l'école de Jacques Prévert
Alphonse de Lamartine : Le papillon
"El hombre es enemigo de lo que ignora: enseña una lengua y evitarás una guerra, expande una cultura y acercarás un pueblo a otro" NAÍM BOUTANOS. "If you speak to a man in a language he understands, you speak to his head. If you speak to a man in his own language, you speak to his heart" NELSON MANDELA « C'est une langue bien difficile que le français. À peine écrit-on depuis quarante-cinq ans qu'on commence à s'en apercevoir. » Colette
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